Premier accord mondial contre le mercure : les prémisses d'un long combat
Pas moins de 120 états ont accepté de limiter les émissions liées aux activités humaines de ce métal volatil et toxique qui pollue l’atmosphère mais également les océans.
Samedi dernier à Genève s’est tenue la première convention internationale visant à réduire les émissions de mercure liées aux activités humaines. Cent vingt états l’on d’ores et déjà adoptée et elle sera ouverte à la signature en octobre 2013 à Minamata au Japon. La ville n’a pas été choisie par hasard : Minamata et ses habitants ont été touché durant des décennies par une grave contamination au mercure.
Pour que la convention puisse entrée en vigueure, il faut qu’elle soit ratifiée par au moins cinquantes Etats. Selon les experts, cela pourrait prendre trois ou quatre ans. La convention prévoit entre autre “l’interdiction du mercure d’ici à 2020 dans les thermomètres, instruments de mesure de la tension, batteries, interrupteurs, crèmes et lotions cosmétiques et certains type de lampes fluorescente. La présence de mercure dans les amalgames dentaires - spécificté dentaire - devrait être progressivement réduite.”
Le mercure se retrouve désormais partout, même dans les océans. Les centrales à charbon, l’industrie pétrolière, les usines d’incinération et l’orpaillage clandestin émettent plusieurs centaines de tonnes de ce métal volatil toxique. Emises dans l’air, une partie de ces microparticules se déposent dans l’eau, où elles sont transformées par les bactéries en méthylmercure (la forme la plus toxique) qui contamine alors l’ensemble de la chaîne alimentaire marine.
Par exemple, on trouve de fortes concentrations de méthylmercure chez les poissons carnivores. Si une femme enceinte ou de jeunes enfants en consomment fréquemment, cette substance peut entraver le développement neurologique de l’enfant. Tous les ans, se sont 200 000 enfants européens qui sont contaminés au mercure au-delà des limites fixées par l’OMS. Une étude pilotée par Martine Bellanger de l’école des hautes études en santé publique, démontre que si tous ces enfants n'étaient pas exposés au mercure, ce serait un gain de 8 milliards d'euros pour l'UE.
Le problème est urgent, mais il faut être réaliste : la convention n’aura pas d’effets immédiats, puisqu’elle ne pourra être appliquée seulement à partir de 2020. Et entendant que ces émissions toxiques soient filtrées, elles vont continuer à augmenter : le sud-est asiatique représente la moitié des émissions et en Chine le nombre de centrale à charbon ne fait que croître.
Un effet retard est à craindre également : “le mercure d’origine anthropique va être recyclé pendant longtemps dans les océans. Il faudra des décennies avant que la contamination des poissons diminue” souligne Philippe GrandJean chercheur à l’école de santé publique d’Odense et d’Harvard, un des pionniers dans la lutte contre les méfaits du mercure sur la santé. “Le mercure d'origine anthropique est présent partout dans l'atmosphère et dans les océans et il faut un accord planétaire pour parvenir à limiter l'impact de ce polluant chimique.»